mardi 27 avril 2010

Vous avez une drôle de mine ! Seriez pas un peu sur des charbons ardents ?


Erick et Sylvie Noppe ont trouvé qu'au sortir de ce long hiver, qui dure depuis le début de l'hiver d'ailleurs, nous avions tous une mine de papier mâché. Alors ils nous ont emmené au charbon.
Houille, houille, houille, comme disait celui qui le disait et dont l'histoire a oublié le nom.
D'abord, un petit lexique pour que vous comprendrez tout : carreau = carreau / fosse = fosse / galibot = galibot / porion = porion / boute-feu = boute-feu / chef porion = porion chef et ainsi de suite...
A l'aide de ce lexique, vous allez pouvoir suivre plus facilement ! Je crois.
Après un départ presque à l'heure de la concession, nous avons emprunté l'autoroute ( juste empruntée et si vous allez voir, on l'a remise à sa place ) et on a d'abord cru qu'on allait faire l'inspection sanitaire de toutes les aires d'autoroute...mais, non, c'était juste pour prendre des pélerins qui nous y attendaient.
Fort de nos 18 motos et quelque 26 personnes ( discute pas les chiffres, d'abord t'y étais pas, alors comment tu saurais ? ) nous roulâmes jusqu'aux confins de l'Aisne, entrâmes en pays ch'ti par une porte dérobée et soudain l'immensité d'une mine désaffectée...et désinfectée se présenta à nos yeux ébahis .
Nos motos remisées sur la béquille et sur le carreau de la mine, en bon ordre sauf deux, puis seulement un, l'Accueil nous accueillit à la surface de la fosse. Sceptiques s'abstenir !
Après une explication savante nous dévoilant tous les secrets de la "salle des pendus", nous sommes passés par la lampisterie où officiait traditionnellement une lampiste. Travail très important pour la survie du mineur. Surtout lorsque celui-ci n'était pas une lumière, il lui en fallait bien une sur son chapeau ( ne dis pas casque, malheureux ! ) . Et même les porions, donc des chefs qui avaient la science aussi infuse qu'un bol de verveine, avaient besoin d'une lumière au chapeau.
Je vous passe l'explication concernant les premiers éclairages à la bougie à pointe métallique à se planter...là où on pouvait jusqu'à la lampe en cuivre et plomb pesant 6 kg, qui doit valoir un bras dans une brocante de nos jours.
Dehors, une fois chapeautés de jaune ( et une fois casqué le prix d'entrée ), nous allons au charbon. Après une descente vertigineuse d'au moins 5, 82m en ascenceur, en l'occurence il s'agissait cette fois d'un descenceur, nous sommes parvenus au fond. Là, un sous-porion (entendez un ex-mineur de base, qui commença comme galibot, puis trieur, puis mineur, puis boute-feu, voir même porion ou chef-porion, qui sait ? ) nous a tout dévoilé de la mine, comme si nous y étions en apprentissage.
Inutile de vous dire que la seule évocation de tous ces mots qui rappellent le travail m'a fortement indisposé au point que j'en ai oublié de demander une bière au repas, bière qui aurait admirablement accompagné le potjevleisch maison dont le patron du Briquet nous a régalé. D'ailleurs, au fond de la mine, y a même pas un bistrot, pas un mobylette, la zone, quoi ! Ah si, y avait un cheval qui tirait un train de berlines ( ah, je l'avais oubliée dans le lexique, celle-là : berline = berline ).
Le mineur-narrateur nous a dévoilé, chemin faisant, cahin-caha, l'origine de nombreuses expressions populaires dont les mineurs se sont attribué l'origine sans aucune vergogne. ( Cherche pas, la vergogne, c'est pas un bestiau de ch'nord )
Tout ça était super intéressant et m'a amené à une conclusion : si j'aurais pu, j'aurais jamais voulu être mineur de fond. Pas déconner, non !
Un super bon dimanche en somme ( pas le département, c'est le ch'Nord, je te dis ) et afin de nous désaltérer de toute la poussière de charbon que je t'ai même pas racontée tellement y en avait, Erick nous a obligé à prendre un dernier verre au bord de l'Ailette, en attendant qu'il pleuve. Heureusement, car sinon, on n'en aurait pas eu de pluie et ç'aurait été dommage de s'en priver vu que c'était compris dans le prix de journée.
Merci encore à Erick et Sylvie et aux anonymes qui ont aidé. C'était une sortie réussie et je m'en souviendrai lorsque j'aurai mon entretien de fin d'année avec eux.
A tchao plus, les amis.